Archives mensuelles : novembre 2017

Médecine : les macroniens oublient leur audace

La Cour des comptes plus audacieuse que le gouvernement « disruptif » d’Emmanuel Macron ! Avec son dernier rapport sur « L’avenir de l’assurance maladie », l’honorable institution de la rue Cambon n’hésite pas à proposer de bousculer quelques fondamentaux de la Sécurité sociale. Quitte à remettre en cause la liberté d’installation des médecins et leur gestion par la Caisse nationale d’Assurance maladie. Les syndicats de médecins ont bien sûr protesté mais la ministre de la Santé a manifesté beaucoup de prudence, voire d’hostilité, face aux innovations suggérées. Pas touche à nos libéraux !
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La France nostalgique de ses rois ?

Les Français regretteraient-ils d’avoir coupé la tête d’un de leurs rois ? Alors qu’il n’est question que de « République » dans un pays qui a la passion de l’égalité, le peuple tolère les prérogatives monarchiques accordées au chef de l’Etat. Celles reconnues par les institutions, celles qu’il s’octroie par l’usage. Comme si le fait de lui reconnaître le droit d’être différent garantissait l’uniformité des ceux « d’en bas ». « Le fait du prince », en tout cas, a la vie dure ici, ainsi que le raconte Béatrice Houchard dans un livre où les nombreuses anecdotes viennent nourrir l’analyse d’une « exception française ». Continuer la lecture

Les usines à gaz d’Emmanuel Macron

Habile, Emmanuel Macron ? Certes, et il l’a encore montré devant les maires de France réunis en Congrès. « J’ai besoin de vous », leur a-t-il déclaré en les caressant dans le sens du poil. Cela lui a évité en fin de discours les sifflets qui avaient salué son arrivée. Les élus locaux, pour autant, attendent des actes. Là, le président de la République n’a rien cédé, même s’il a reconnu implicitement que certaines de ses promesses de campagne étaient compliquées à mettre en œuvre. D’où des usines à gaz pour corriger ce qu’il s’est engagé à appliquer.
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Une quinzaine de tests électoraux à venir

Le Conseil constitutionnel a annulé, ce jeudi, l’élection de la députée LREM Isabelle-Muller-Quoy dans le Val d’Oise. Après avoir rejeté 249 requêtes depuis juillet, les « sages » entrent dans le vif du sujet. Une quarantaine de dossiers restent en suspens, dont celui de l’ancien Premier ministre Manuel Valls. Ils devraient donner lieu à au moins une quinzaine d’annulations, selon François Patriat, président du groupe LREM au Sénat.

Ces annulations provoqueront autant d’élections législatives partielles, qui devront être organisées dans les trois mois. Un test électoral important pour le jeune parti du chef de l’Etat qui éprouve les difficultés classiques du parti majoritaire appelé à soutenir la politique du gouvernement.

Contre la culture de l’excuse

La rigueur de Manuel Valls contre les ambiguïtés d’Emmanuel Macron et le « libéralisme culturel » de La République en Marche ! La polémique entre les journalistes de « Charlie Hebdo » et le directeur de Médiapart, Edwy Plénel, comme le discours du chef de l’Etat sur la politique de la ville témoignent de deux conceptions opposées du vivre ensemble. D’un côté, l’ancien Premier ministre, où prévaut la défense de la laïcité, sans aucun adjectif accolé car elle s’impose en soi, quitte à s’opposer à l’islamisme radical ; de l’autre, les tenants d’un multiculturalisme prêts à des accommodements avec le communautarisme au nom d’une raison souvent habillée d’histoire et de sociologie.
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La démocratie a un coût

Le « nouveau monde » emprunte parfois à l’ancien : il est de bon ton ces jours-ci de mettre les députés au régime sec, « s’occuper d’eux permettant de réduire la distanciation entre les politiques et les citoyens ». Cela ressemble fort à feue la démagogie !

Expliquer doctement que réduire les dépenses de l’Assemblée nationale de 10 millions d’euros cette année, de 15 millions l’an prochain, réduirait la méfiance des Français à l’égard de leurs représentants, c’est se moquer d’eux. Ou alors la confiance ne coûte pas cher : 3 pour 1000 d’un budget de l’Etat qui se monte à 323 milliards d’euros. Pour la totalité de leurs dépenses, l’Assemblée nationale (518 millions d’euros, dont 50 millions pour les indemnités des députés) et le Sénat (324 millions) représente 0,26 % de ce dernier. C’est moins que ce que l’Etat a dû payer pour compenser la décision de mettre fin à l’écotaxe (1 milliard selon la Cour des comptes) !

Que le Parlement participe aux efforts de saine gestion qu’impose un endettement intenable de l’Etat, rien de plus normal. Il l’a déjà fait avec un budget bloqué depuis cinq ans, ce qui correspond à une baisse de 4,6 % en raison de l’inflation. De là à montrer du doigt des parlementaires supposés dispendieux, il y un pas dangereux à franchir. Comme la santé, la démocratie n’a pas de prix mais elle à un coût. Lequel est des milliers de fois moindre que celui de la Sécurité sociale.

Les parlementaires ne sont pas trop payés ; ils le seraient plutôt pas assez. Au regard des heures de travail et de l’investissement dans leur mandat, la plupart gagneraient plus dans le privé. Le résultat d’ailleurs se fait sentir : la qualité des représentants de la nation baisse, les plus fortes personnalités se désintéressant de la politique. « La place doit être bonne puisqu’ils se battent pour y être », ironisent certains. Il y aura toujours des candidats pour gagner 5 400 € par mois, mais avec quel bagage pour faire face à l’exécutif et à l’administration ? Comme s’y ajoute une présidentialisation qui condamne les élus de la majorité à se contenter de voter les textes du gouvernement, les plus motivés vont voir ailleurs.

Président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde explique ainsi que les membres de son groupe se sentent très libres : « la grande majorité d’entre eux ne se représenteront pas en 2022 ». Non pas en raison d’un non-cumul des mandats dans le temps, qui ne peut être rétroactif, mais parce qu’ils « ont envie de faire autre chose ». Le renouvellement peut être un bien ; attention à ce qu’il ne prive pas le Parlement de personnalités fortes et expérimentées.