La rigueur de Manuel Valls contre les ambiguïtés d’Emmanuel Macron et le « libéralisme culturel » de La République en Marche ! La polémique entre les journalistes de « Charlie Hebdo » et le directeur de Médiapart, Edwy Plénel, comme le discours du chef de l’Etat sur la politique de la ville témoignent de deux conceptions opposées du vivre ensemble. D’un côté, l’ancien Premier ministre, où prévaut la défense de la laïcité, sans aucun adjectif accolé car elle s’impose en soi, quitte à s’opposer à l’islamisme radical ; de l’autre, les tenants d’un multiculturalisme prêts à des accommodements avec le communautarisme au nom d’une raison souvent habillée d’histoire et de sociologie.
Dénoncer l’intégrisme islamiste ou l’hypocrisie de Tariq Ramadan, est-ce participer à une campagne de « guerre aux musulmans » ? Edwy Plénel l’affirme. Manuel Valls refuse un politiquement correct qui sévit depuis longtemps et empêche d’appeler un chat un chat et un terroriste, un terroriste, quels que soient les atours religieux ou idéologiques dont se parent ces actes de mort. Il n’est pas question de succomber à « l’amalgame », mais les Croisades ou le colonialisme ne sauraient culpabiliser la France actuelle. Au point de lui faire accepter l’inacceptable.
Interrogé à ce sujet, le porte-parole du gouvernement a répondu que « l’Elysée ne se mêle pas d’une polémique entre un député et un journal ». Pour autant, dans son propos sur la politique de la ville, Emmanuel Macron a eu une formule propre à faire bondir Manuel Valls et les républicains pur sucre : « La radicalisation s’est installée parce que la République a démissionné ». Des défaillances sont incontestables ; elles n’excusent pas les dérives. Certains ont reproché au modèle français d’intégration de favoriser les rejets par négation des particularismes. Sauf que le modèle anglais fondé sur le communautarisme n’a pas empêché des attentats outre-Manche. Et que des milliards ont été consacrés aux quartiers difficiles sans résultats probants alors que les écoles et des services publics y fonctionnent.
Etrangement, un libéralisme sociétal et un certain gauchisme se retrouvent pour mettre en cause une laïcité jugée trop intransigeante. La règle de base pourtant est simple : les lois de la République s’imposent à tous ; celles de la religion ne peuvent leur être supérieures. Et le principe vaut pour toutes les confessions. Aucune culture de l’excuse ne justifiera le contraire.