Emmanuel Macron aime les mots ; pour lui, ils valent action. Le voici donc qui lance l’opération « Résilience » pour mettre les armées au service de la lutte contre le Covid 19. Une mission dont les intéressés reconnaissent le flou, mais il s’agit de montrer que l’Etat prend des décisions et de rassurer. Au-delà, le choix du terme « résilience » risque fort d’être trompeur. Il laisse croire qu’une fois l’épreuve passée, tout redeviendra comme avant. Ce qui est peu probable et serait surtout déplorable : comment penser que des leçons ne seront pas tirées de ce crash de la mondialisation heureuse, entraînant une remise en cause de nos modèles politiques, économiques et sociaux ?
Résilience ! Avant d’être étendu à de nombreux domaines, au point d’être servi à toutes les sauces, le mot a un sens physique : la capacité des matériaux à retrouver leur forme initiale après avoir subi des chocs. Un retour à la normale, en somme. Sans doute est-ce le vœu premier quand tout vacille autour de soi. Ainsi que l’écrit la philosophe Claire Marin, « face à la catastrophe, on préfère se rassurer en la considérant comme une parenthèse plutôt qu’un avertissement ». Le président de la République semble ainsi épouser la thèse de l’accident sur une route bien tracée plutôt que d’interroger sur la direction de la chaussée.
Sans doute l’urgence ne prête-t-elle pas à l’introspection au sommet de l’Etat ni à l’élaboration d’un autre modèle social. A tout le moins est-il possible de préparer les esprits. D’autant que la profonde crise économique qui suivra la catastrophe sanitaire ne prédisposera pas plus à l’imagination collective. Pourtant… Des conclusions qui seront établies de ces vraies ruptures dépendront le sens et la couleur de l’avenir. Positif ou négatif, rose ou noir. Ou brun. La crise de 1929 a donné le New Deal aux Etats-Unis et le nazisme en Allemagne. Puisque rien ne sera plus comme avant, il faut préparer le changement. En redécouvrant peut-être les vertus de la politique.
Archives mensuelles : mars 2020
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« La Dernière marche » est sorti ! Ces récits et analyses de chutes politiques retentissantes au pied du perron de l’Elysée devraient intéresser ceux qui suivent la politique. Mais aussi ceux qui apprécient la complexité humaine sous les enjeux de pouvoir. Rien n’est jamais acquis et les électeurs entendent garder le dernier mot. Cela s’appelle la démocratie.
Disponible dans les bonnes librairies, le livre attend votre lecture amicale et critique. Non ce n’est pas un oxymore !
Merci par avance.
Chantal Didier
« La Dernière marche », préface de Michel Schneider, Alisio, 19,90 € Continuer la lecture