La révision constitutionnelle a-t-elle vécu ? Alors que le texte doit être présenté au conseil des ministres du 9 mai, les oppositions s’affirment de plus en plus. Au point que le vote par le Congrès réuni à Versailles paraît des plus improbables. Le chef de l’Etat peut certes recourir au référendum pour contourner le Sénat. Mais en matière institutionnelle, il est rare que les Français répondent vraiment à la question posée, usant plutôt du bulletin pour exprimer leur mécontentement. Continuer la lecture
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Une exigence de clarté
Exclure ou non ? Les Républicains ont sans doute trop tardé à se séparer de ceux qui ont choisi de faire bande à part. En acceptant Matignon, Edouard Philippe a fait campagne contre certains de ses anciens amis et est devenu chef d’une majorité qui ne compte pas LR en son sein. Avec lui, les « constructifs », pas si nombreux que cela d’ailleurs, se sont mis hors du parti. La cohérence aurait voulu que ce soit eux qui démissionnent. Mais comment opter pour la clarté quand on s’inscrit sous le signe du ni-ni ou du et-et. Le bric et le broc en fait.
« Si on veut séduire, avancer, on n’exclut pas », affirme Jean-Louis Debré. Sans doute son gaullisme se veut-il syncrétique, reprenant l’image de Malraux de la sortie du métro à 18 heures. Mais il s’agissait de rassembler les Français plus que des élus tentés par « la petite cuisine » politicienne. Et si l’expression de différentes sensibilités dans un parti nourrit le débat, cela n’autorise pas à prendre des positions contraires aux orientations majoritaires. Le Parti socialiste ne meurt-il pas d’avoir entretenu des gauches « irréconciliables » ?
L’ancien président de l’Assemblée nationale se souvient peut-être du temps où le RPR comptait toujours Edouard Balladur parmi ses députés alors que celui-ci s’était présenté contre Jacques Chirac à la présidentielle. Sauf que Jacques Chirac avait gagné. Il n’en a pas moins souffert et son Premier ministre Alain Juppé encore plus d’une majorité restée en grande partie balladurienne. Ce qui l’a poussé à la dissolution malheureuse de 1997.
Les « constructifs » d’aujourd’hui ont choisi une ligne différente de celle de LR. A l’Assemblée nationale, ils sont ultra-minoritaires : 12 députés sur 112. Une minorité bien payée par le président de la République (trois ministres, dont le premier) mais cette récompense n’engage qu’eux. Et s’ils sont convaincus que les partis politiques ne servent plus à grand chose, pourquoi vouloir y rester ?
Le vote du budget constitue le critère d’appartenance ou non à une majorité parlementaire. Quatre ou cinq députés « constructifs » viennent d’approuver la partie recettes du projet de loi de finances 2018. La messe est dite.
Applaudir est un art
Sidérés ! Réunis à Versailles pour écouter l’adresse d’Emmanuel Macron, les parlementaires ont semblé victimes d’engourdissement. A peine un ou deux applaudissements avant ceux de la fin, une initiative de quelques battements de mains faisant vite long feu. Ceux qui ont suivi l’évocation de « la part maudite » ne visaient pas Georges Bataille mais ont trahi une impression de fin de discours. Les propos stratosphériques du Président de la République ont eu un effet paralysant, à moins que ce ne fût soporifique.
Que « les oppositions » – un pluriel présidentiel volontaire pour souligner leurs divisions – n’approuvent pas la doxa du chef de l’Etat, rien de plus normal. Mais que les trois centaines et demie de députés et sénateurs placés sous étiquette « Macron » ne manifestent pas leur contentement surprend. C’est à eux pourtant qu’il s’est adressé en premier pour les exhorter à ne pas oublier le mandat que le peuple français leur avait donné. Comme si le chef de l’Etat craignait déjà les dérives d’une trop large majorité qu’aucune histoire politique commune ne lie. A moins que l’annonce de la prochaine disparition d’un tiers d’entre eux ne tétanise ces parlementaires destinés à se faire harakiri. Qui devra mettre la tête sur le billot ? Continuer la lecture
Etre « constructif » et « disruptif » à la fois
« Constructifs » ! Le mot envahit la politique ces jours-ci. La droite se veut constructive, celle qui se présente comme « macroncompatible » et celle qui entretient le « canal historique ». Mais pourquoi, diable, se scinde-t-elle ? La différence ne concernerait-elle que les projets de loi qu’elle est prête ou non à accompagner de sa réflexion, de ses propositions, voire de son vote ?
La gauche socialiste se présente aussi sous les couleurs du constructif. Pas question de « robotisation » ni de refus pavlovien de ce qui vient de l’Elysée. Il s’agira de proposer également, de faire évoluer dans le bon sens. Lequel ne saurait être celui que préconise la droite. La construction avancera donc à hue et à dia. Ce qui ne garantit pas sa stabilité. Continuer la lecture