Médecine : les macroniens oublient leur audace

La Cour des comptes plus audacieuse que le gouvernement « disruptif » d’Emmanuel Macron ! Avec son dernier rapport sur « L’avenir de l’assurance maladie », l’honorable institution de la rue Cambon n’hésite pas à proposer de bousculer quelques fondamentaux de la Sécurité sociale. Quitte à remettre en cause la liberté d’installation des médecins et leur gestion par la Caisse nationale d’Assurance maladie. Les syndicats de médecins ont bien sûr protesté mais la ministre de la Santé a manifesté beaucoup de prudence, voire d’hostilité, face aux innovations suggérées. Pas touche à nos libéraux !

Les déserts médicaux sont bien connus ; ils entraînent une inégalité dans l’accès aux soins et la concentration des médecins sur certains territoires (zones urbaines et littorales) coûte cher, c’est là que les dépassements d’honoraires sont les plus élevés. « Il n’est pas anormal que les pouvoirs publics puissent peser sur la répartition des offres de soins », précise Didier Migaud, Premier président. Le conventionnement des médecins pourrait donc être conditionné par l’existence d’un vrai besoin de santé sur le territoire d’installation.
La rémunération à l’acte devrait également être revue, notamment lorsqu’il s’agit de maladies chroniques. Pourquoi pas un forfait tenant compte du suivi du patient dans le temps ? Une formule qui conviendrait également pour le développement de la prévention. La Cour propose aussi de réorganiser l’articulation entre l’assurance maladie de base et les complémentaires et de donner plus de moyens aux agences régionales de santé.
Dans leur réponse aux propositions de la Cour des comptes, les ministres de la Santé et des Comptes publics expriment de très fortes réserves. Non au conventionnement sélectif. Non au plafonnement de certains dépassements d’honoraires. Non à un objectif régional des dépenses d’assurance maladie. Non à la création d’une Agence nationale de santé… Rue de Grenelle comme à Bercy, l’imagination des magistrats financiers ne fait guère recette. Le modèle classique de la médecine libérale reste de mise. Parce qu’Emmanuel Macron baigne dans ce milieu-là ? Outre ses parents, un frère, une sœur et une belle-fille ont été ou sont médecins. De quoi nourrir des idées précises sur le sujet.

 

Un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *