Archives mensuelles : mai 2017

Une Assemblée de godillots

Emmanuel Macron aura-t-il sa majorité absolue (289 députés) à l’Assemblée nationale ? C’est fort possible : 200 circonscriptions sont acquises ; 100 paraissent à portée de vote. Malgré la faiblesse de nombreux candidats République en marche, les macronistes figureront dans de nombreux duels pour le second tour alors que la gauche, ultra-divisée, peinera à franchir la barre des 12,5 % des inscrits nécessaires pour accéder au second tour. Avec une forte abstention (40 %), le ticket d’entrée avoisine les 21 % des suffrages exprimés.

Alliés à l’UDI, les Républicains franchiront souvent ce seuil. Ils peuvent espérer entre 140 et 180 députés, ce qui en fera la principale force d’opposition au sein de l’Assemblée. Continuer la lecture

Un air de déjà vu

Le changement dans la continuité !
Après l’attentat de Manchester, Emmanuel Macron va demander au Parlement de voter la prolongation de l’état d’urgence et une nouvelle loi pour renforcer les moyens de lutter contre le terrorisme. Deux initiatives qui nous renvoient à l’ère passée, celle des vieux partis et des anciens présidents. A croire qu’il faut avant tout donner le sentiment de faire quelque chose pour rassurer.

Qu’est-ce qu’un état d’urgence permanent ?
Tous les spécialistes estiment que passées les premières semaines, les mesures d’exception qu’il autorise ne produisent plus vraiment d’effet. Les perquisitions nécessaires ont eu lieu ; les rétentions administratives aussi. Mais les libertés publiques demeurent restreintes. Continuer la lecture

La France cul par-dessus tête

L’élection présidentielle de 2017 restera celle de tous les paradoxes. Alors qu’au premier tour, près d’un électeur sur deux a rejeté l’Europe, le pays porte à sa tête le plus europhile des candidats. Lequel n’hésite pas à scénariser sa victoire au son de l’hymne européen emprunté à Beethoven. Presque partout, même chez Emmanuel Macron, il fut question de turbuler le « système ». Le nouveau chef de l’Etat en est le pur produit. Une forte majorité de Français a exprimé ses craintes face à une mondialisation accusée de fermer les usines. Leur nouveau président est un ardent défenseur d’une globalisation heureuse. Le « bas » a contesté le « haut » dans une vive critique des élites incapables de résoudre les problèmes du pays. Emmanuel Macron est le représentant type de l’élitisme national. A croire que le vainqueur figure l’image inversée de l’opinion.

Le mode de scrutin explique pour partie ce miroir sans tain. Le premier tour consacre un quadri-partisme qui réduit le score du candidat d’En Marche à 18,19 % des inscrits. A 465 696 voix près, le second tour aurait opposé François Fillon à Emmanuel Macron, ce qui n’aurait pas donné la même impression de chamboule-tout. La présence de Marine Le Pen, le 7 mai, accentue le vote de rejet, 43 % des électeurs d’Emmanuel Macron reconnaissant avoir voté pour lui d’abord pour éliminer la présidente du Front national. Et les votes blancs ou nuls s’élèvent à 4 millions de voix, soit 11,5 % des votants. L’assise du vainqueur reste donc étroite. Continuer la lecture

Frustrés

Nathalie Kosciusko-Morizet : 2,6 %. Bruno Le Maire : 2,4 %. Au vu de leur score à la primaire de la droite et du centre, c’est peu dire que ces deux députés sortants LR ne représentent pas leur parti. La première le savait ; le second y prétendait. Quelques mois plus tard, les voici prêts à travailler avec le nouveau président de la République qui ne rêve que de faire exploser leur famille politique. Mal reconnus par celle-ci, ils lui tournent le dos. Comme des enfants trop gâtés qui rencontreraient leur première frustration.

Comment vont réagir les électeurs de François Fillon dans la 2eme circonscription de Paris ? NKM  a en effet obtenu d’être investie dans ce haut lieu de la droite, au grand dam de Rachida Dati. Les résultats seront intéressants à observer.

Confusion

« Je suis un homme de gauche ». « Je suis un homme de droite ». La passation de pouvoir à Matignon entre Bernard Cazeneuve et Edouard Philippe évoquait une alternance politique franche. A l’instar de celles s’opérant lorsqu’il y a assurance d’une nouvelle majorité parlementaire à l’Assemblée. Après la présidentielle, il s’agit plutôt d’aller chercher les électeurs du centre nécessaire à cette assurance. Cherchez l’erreur…

L’objectif, cette fois, est de casser l’alliance des Républicains et de l’UDI pour attirer les élus du centre-droit. Quitte à ne donner aux autres que la solution d’une dérive vers le Front national. Bloquant les oppositions aux deux extrêmes, Emmanuel Macron y gagnerait une assurance-vie électorale, du moins tant que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon feront figure d’épouvantails. C’est la stratégie de l’omelette dont le milieu est préservé par la coupure des deux bouts. Défendue par Alain Juppé et François Bayrou, elle a dominé la IVème République. Avec quelques succès, beaucoup d’échecs et l’appel à un homme providentiel. Continuer la lecture

Des novices pas très civils

Nouveaux venus à la politique, vraiment ? Alors que La République en marche annonçait que la moitié de ses 525 candidats étaient issus de la société civile, un examen détaillé de leurs CV fait apparaître que seulement 178 d’entre eux sont de réels novices, soit un tiers. Trente ont déjà été candidats à une élection, 70 ont exercé des fonctions proches des politiques et 3 ont des liens familiaux avec des élus ou anciens élus.

Certains candidats prennent soin de cacher ces liens avec un milieu qu’ils affirment vouloir « dégager ». Dans la 2e circonscription de Moselle, Ludovic Mendès oublie de dire qu’il a participé aux campagnes de Martine Aubry et François hollande en 2011 et 2012. Pour l’essentiel, ces « apparatchiks » viennent de la gauche, la victoire d’Emmanuel Macron leur permettant de sauter les étapes pour devenir députés. Continuer la lecture