« L’Aquarius » à la recherche d’un port, symbole d’une Europe à la dérive ? Le bateau des migrants et les tensions qu’il suscite témoignent d’une Union menacée de décomposition. L’Italie, certes, ne remplit pas ses devoirs internationaux, mais force est de constater que les autres pays européens la laissent gérer seule des vagues migratoires difficiles à canaliser. D’où ce gouvernement « populiste » qu’il est vain de montrer du doigt. Surtout quand l’indifférence semble l’emporter, comme à Paris. Aucune solution ne peut advenir si elle n’est pas européenne, explique l’Elysée. Il y a urgence à en trouver les voies.
Quel spectacle que ces pays dits amis qui se refilent le mistigri du défi migratoire ! L’Allemagne a freiné les migrants venus de Turquie en convaincant l’Europe de payer Erdogan pour qu’il les garde chez lui. Au risque de dépendre de ce dernier sur d’autres sujets, Istanbul pouvant toujours menacer d’ouvrir les vannes. Et de déporter les vagues du côté d’une Lybie sans Etat et sans administration. D’où la mise en première ligne de Malte et de l’Italie.
D’où aussi les raidissements dans de nombreux pays européens : ceux de l’Est, comme la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie ; l’Autriche, l’Italie et même l’Allemagne pourtant à la recherche de main d’œuvre. Le conflit entre Angela Merkel et son ministre de l’Intérieur illustre les questionnements face à la montée des extrémistes de l’AFD. Il ne sert à rien de traiter de « fascistes » ces gouvernants qui prônent des mesures contre l’immigration. En démocratie, est-il honteux d’écouter ce que disent les peuples ? La différence tient en revanche dans la réponse qui leur est apportée.
Les dirigeants européens doivent parvenir à une politique migratoire commune et à se doter des moyens de la mettre en œuvre. Quitte à accepter une confrontation et une mise à plat des droits et devoirs de l’Union. Le Conseil européen de la fin du mois s’annonce crucial. A défaut d’entente, c’est l’Europe elle-même qui risque de couler.