La République, une affaire de « mâles blancs » ?


Les Français ne le savent pas mais leur pays est devenu la planète des singes où les mâles se distinguent en fonction de leur couleur et les femelles restent en terre inconnue. Les propos présidentiels, invalidant « deux mâles blancs »  s’échangeant un rapport sous prétexte que leur statut physique ne correspond pas à celui des banlieues, ont fait bondir. Il y a de quoi. Le sexe masculin et le visage pâle rendraient donc incapable de penser ce qui est différent, la réflexion se trouvant prédestinée par la culture au mieux, par les hormones au pire. Une vision communautariste qui enterre les Lumières et rend les armes face aux Indigènes de la République.

L’expression « mâle blanc » est revenue de façon récurrente dans la bouche d’Emmanuel Macron. La première fois pour refuser de s’excuser d’en être un, jeune et fort diplômé de surcroît. Là, le diplôme correspondrait plutôt à une tare, assignant son titulaire à une place dans la société dont il ne saurait s’extraire. Ce qui revient à nier l’universalité de la pensée et la vertu de concepts dépassant les particularismes pour arriver à l’essentiel. Fondée sur ces principes, la République ne serait-elle aussi qu’une affaire de « mâles blancs » ?

Dans la salle de l’Elysée où le Président présentait son non-plan pour les banlieues, les élus « blancs » ont retrouvé leurs plus farouches opposants sur le terrain. De couleur. Comme si le chef de l’Etat espérait « dealer » avec les caïds pour prévenir les pires maux de la ghettoïsation. Sauf que sur la loi logement, actuellement discutée en commission à l’Assemblée nationale, la majorité En Marche refuse tous les amendements qui iraient dans ce sens. Cohérence ?

« Sur les banlieues, il faut changer de logiciel », répètent à l’envi les partisans du Président. Pourquoi avoir alors demandé un rapport à Jean-Louis Borloo, dont chacun connaît le tropisme pour les « plans Marshall » ? Pour l’humilier devant 600 personnes ? A moins que l’Elysée ait soudain pris conscience qu’il n’y avait pas l’argent nécessaire dans les caisses de l’Etat. La Cour des comptes venait de souligner que la dette ne cesse de s’accroître et que les dépenses publiques continuent d’augmenter, la France vivant à crédit au moins trois mois de l’année. Va donc pour un « Aide-toi, le ciel t’aidera ! » qui s’apparente à un cache-misère. Ce qui ne justifie pas de faire passer la pilule par une concession communautariste dont le Président devient familier.

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