Wauquiez et les épidermes devenus sensibles

Laurent WauqiezAssuré d’être élu dimanche à la tête des Républicains, Laurent Wauquiez aura encore beaucoup à conquérir. Au sein même de son parti, où ceux qui n’ont pas voulu relever le défi contestent sa ligne et minimisent sa victoire annoncée. Dans le pays, où la droite républicaine peinera à faire oublier ses défaites de 2017 et les échecs politiques qui y ont conduit. Mieux vaut pourtant souhaiter à l’élu auvergnat de réussir. Entre Emmanuel Macron et le Front national, la France a besoin d’une force alternative à droite faute de quoi les mécontents n’auraient d’autre possibilité que de voter pour Marine Le Pen.
Dans un tel contexte, Laurent Wauquiez se doit de procéder par étapes. D’abord promouvoir « une droite vraiment à droite » s’il veut empêcher ses électeurs de virer à tribord, voire de récupérer ceux qui sont déjà parti du côté du FN. Ensuite, rassembler son camp sur une ligne plus modérée mais claire. Enfin, s’ouvrir vers les centres dans des alliances d’autant plus faciles que Les Républicains sembleront susceptibles de gagner. Le président de la région Auvergne Rhône-Alpes dispose d’un avantage : il a du temps.
Pour s’installer à la tête du Parti socialiste, François Mitterrand n’a pas craint d’épouser des idées marxisantes. Pour préserver le RPR dans les années 80, Jacques Chirac a repris le thème de la lutte contre l’immigration irrégulière. Ce qui lui a valu le surnom de « facho Chirac ». Pour siphonner l’électorat de Jean-Marie Le Pen en 2007, Nicolas Sarkozy a usé de « l’identité nationale ». Dans les deux derniers cas, les compteurs de Laurent Wauquiez aujourd’hui ont eu l’épiderme politique peu sensible. Nul ne se souvient d’avoir alors entendu Jean-Louis Debré mettre son mentor en garde contre la tentation des électeurs de « préférer l’original à la copie ». Quant à la souplesse idéologique du prochain président des Républicains, dépassera-t-elle le spectre qui fit aller l’ancien président du RPR du gaullisme au« travaillisme à la française » puis au libéralisme à la Tatcher ?
Laurent Wauquiez devra être jugé sur les faits. Et le passé récent démontre que les Français changent d’avis. François Mitterrand a étouffé les communistes ; « facho Chirac » est devenu le rempart contre le FN et le chouchou de la gauche. Un miracle ou une résilience ?

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