Une politique d’annonces à défaut des moyens

Jean-Louis Borloo sortant de Matignon

« Vivre ensemble, Vivre en grand ». Jean-Louis Borloo ne lésine jamais dans ses ambitions « décoiffantes ». Le rapport qu’il a remis au Premier ministre ne déroge pas à la règle. Il propose 19 programmes pour un engagement financier de 48 milliards et menace de sanctions les fonctionnaires qui freineraient la révolution copernicienne par inaction. L’exécutif ne manifeste pas un enthousiasme débordant pour ces préconisations. Pour des raisons budgétaires, certes. Par prudence politique tout autant.

L’ancien ministre de la Cohésion sociale dénonce « le scandale des banlieues ». Avec toute la vigueur dont il est capable et en ne s’exonérant pas d’une absence de vraie politique de la ville depuis quarante ans. Lui-même avait en effet lancé un « grand plan », comme ses prédécesseurs et ses successeurs. « On a remplacé les moyens publics par les annonces publiques », proteste-t-il. Parce que les moyens manquent ? Bagatelle ! pense le trublion de la politique. Sans doute a-t-il réussi à Valenciennes, mais au niveau national, les bonnes intentions ne suffisent pas. En période de budget de l’Etat contraint, il ne suffit pas d’en appeler à « l’effet de levier » pour convaincre Bercy d’ouvrir le portefeuille de l’Etat.

L’accueil réservé à ce rapport semble plutôt frais. Il devait être remis au président de la République ; c’est Edouard Philippe qui l’a reçu. En promettant de l’étudier et sans raccompagner Jean-Louis Borloo sur le perron de Matignon. Question d’agendas des uns et des autres, paraît-il. A moins que la crédibilité de l’ancien ministre ne se soit quelque peu érodée au vu de ses plans pour les banlieues ou pour l’électricité en Afrique qui se sont perdus dans les sables.

Il y a aussi les chapelles centristes à gérer avec attention pour ne pas honorer l’un en vexant l’autre. Sur cet espace politique encombré, les concurrences, voire les haines, se nourrissent des rivalités et trahisons passées. Valoriser Jean-Louis Borloo, c’est susciter des réactions du côté de François Bayrou et vice versa. Or le président du Modem s’alarme déjà du peu de représentation proportionnelle retenue pour les élections futures des députés. Mieux vaut ne pas l’énerver plus. Tant pis pour les banlieues.

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