Etre « constructif » et « disruptif » à la fois

« Constructifs » ! Le mot envahit la politique ces jours-ci. La droite se veut constructive, celle qui se présente comme « macroncompatible » et celle qui entretient le « canal historique ». Mais pourquoi, diable, se scinde-t-elle ? La différence ne concernerait-elle que les projets de loi qu’elle est prête ou non à accompagner de sa réflexion, de ses propositions, voire de son vote ?

La gauche socialiste se présente aussi sous les couleurs du constructif. Pas question de « robotisation » ni de refus pavlovien de ce qui vient de l’Elysée. Il s’agira de proposer également, de faire évoluer dans le bon sens. Lequel ne saurait être celui que préconise la droite. La construction avancera donc à hue et à dia. Ce qui ne garantit pas sa stabilité.

L’épreuve de vérité sera le vote ou non de la confiance après le discours de politique générale du Premier ministre, le 4 juillet. Seront dans la majorité ceux qui approuveront. Seront dans l’opposition ceux qui diront non. Parions qu’il y aura beaucoup d’abstentions en dehors des rangs de République en marche et du Modem. Reste que le règlement de l’Assemblée nationale demande que chaque groupe s’inscrive soit dans la majorité soit dans l’opposition afin de répartir les postes de responsabilité (Présidence de la commission des finances, questures, vice-présidences de l’Assemblée…). Les Insoumis, les communistes et les Républicains orthodoxes ont moins d’états d’âme.

Pour parfaire le modèle politique en vogue, il convient d’être également « disruptifs ». Presque tous se préparent à rompre avec… quoi ? Les mauvaises habitudes, les postures, cela va de soi. Encore faut-il ne pas en créer de nouvelles ou recycler les anciennes sous un vocabulaire plus branché. Pour Gaspard Gantzer, communicant de François Hollande à l’Elysée, le président le plus disruptif de l’histoire française récente a été Valéry Giscard d’Estaing. Ce qui ne l’a pas empêché d’être battu au terme de son premier mandat. Peut-être même est-ce en partie à cause de cette disruption. Les Français adorent le changement, à condition que rien ne bouge vraiment pour eux. Les mois qui viennent diront si le constat vaut toujours.

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