Il fallait trancher. Après des années de tergiversations et de lâchetés, nul ne peut reprocher au président de la République d’avoir pris une décision sur Notre-Dame des Landes. Mais le soulagement ne doit pas masquer les conséquences politiques et financières d’un choix qui aurait pu être autre. A savoir l’exécution d’un projet approuvé par les populations locales et par les élus qu’elles se sont choisis.
« La République va souffrir », avait confié un ministre macroniste, forcément très républicain. Elle souffre en effet, puisque la décision ressemble à un abandon du terrain face à des minorités agissantes et malgré une légitimité démocratique et la conformité juridique. De quoi encourager les zadistes à répéter l’opération sur d’autres lieux, celui de Bure (Meuse) par exemple où doivent être enfouis des déchets nucléaires. Il leur faudra juste s’adapter à un climat plus rude et à une campagne plus austère.
Le choix élyséen confirme par ailleurs que tous les propos sur la « démocratie participative », le « down up », « l’horizontalité avant la verticalité » relèvent de la seule communication. Les consultations ont toutes été majoritairement en faveur de la construction de cet aéroport. Qu’importe ! Il ne sortira pas de terre. Des écologistes à Emmanuel Macron en passant par la France insoumise, l’écoute ne vaut que si les Français partagent les décisions prises en haut. Chacun ne respecte le peuple que pour autant qu’il le choisit.
Pour faire bonne mesure et colorier l’abandon de fermeté, le Premier ministre annonce que la ZAD sera évacuée. Mais plus tard, sans doute avec l’espoir que les occupants déserteront d’eux-mêmes un terrain devenu sans enjeux. Tel est souvent le « en même temps macronien » : la partie le plus dure du choix balancé est mise en œuvre immédiatement ; la compensation est reportée, parfois aux calendes grecques. Le « en même temps » ne s’exécute pas dans le même temps. Tant pis pour ceux qui comptent sur le second terme d’une communication faussement équilibrée.
Quant au coût de la décision, certains l’estiment à près d’un milliard d’euros. Soit autant que ce qu’a coûté l’abandon de l’écotaxe. Une bagatelle ?