L’épopée de l’eau potable face au défi du vieillissement des tuyaux

Le renouvellement des infrastructures d’adduction d’eau creuse une fracture entre territoires urbains et ruraux. Il y a urgence à trouver de nouvelles solidarités.

La France a connu, lors de la seconde moitié XXe siècle, une véritable « épopée de l’eau ». De cette eau potable qu’il s’agissait d’acheminer jusqu’aux robinets des foyers. Des centaines de kilomètres de réseaux sont posés en ville comme dans les campagnes, opération facilitée par l’invention du PVC, qui permet de fabriquer des tuyaux solides, légers et peu chers. Les grandes compagnies distributrices développent un savoir faire qu’elles exporteront dans le monde entier. Mais l’heure du renouvellement des infrastructures a sonné et, si rien n’est fait, les territoires ruraux devront déclarer forfait. Contre cette nouvelle « fracture », David Colon et Jean Launay proposent de revoir la facture d’eau, afin d’en sanctuariser la contribution de solidarité.

Racontée par les deux auteurs – un polytechnicien et un politique – cette « histoire d’eau » témoigne d’une grande aventure unissant professionnels, chercheurs, collectivités locales, un modèle qui peut servir à d’autres filières éco-industrielles. Pendant longtemps, les grands distributeurs ont assurés eux-mêmes une certaine péréquation entre villes et bourgs ruraux en échange de contrats à très longue durée. Il faut désormais trouver d’autres moyens de solidarité, les campagnes ne pouvant pas faire supporter le prix du renouvellement des tuyaux à un nombre limité d’abonnés. D’où l’idée de maintenir la facture d’eau moyenne à 4 € le m3, mais en réservant 0,40 € à l’intérieur de celle-ci pour une Agence nationale de solidarité de l’eau. A charge pour elle de financer les investissements que certaines collectivités n’ont plus les moyens d’assumer. Les grandes villes paieraient (un peu) pour les petites. « Cela paraît simple mais adopter cette réforme ne sera pas un long fleuve tranquille », prévient Jean Launay. Ni Bercy ni la Cour des comptes n’apprécient les taxes affectées et les budgets annexes. Il en va toutefois de la pérennisation du système de distribution de l’eau en France et du droit de chacun de disposer d’une eau de qualité chez lui.

Le premier exemplaire du livre a été remis à Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, le 28 juin. Le dossier concerne également la Santé et l’Industrie. Avec à la clé une relance de l’activité économique grâce à des investissements de l’ordre de 1,5 milliard d’euros et la création d’emploi non délocalisables dans les entreprises locales de travaux publics. « Il faut agir vite », assure David Colon, « après cela risque de coûter beaucoup trop cher ».

 

– « L’eau potable en France. Entre facture et fractures ! », David Colon et Jean Launay, Editions Nuvis, 25 €.

 

 

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