Le « symbole » de la proportionnelle

« Une dosette », « une aumône démocratique », « un point de départ »… La décision d’élire 15 % des 400 députés restants à la représentation proportionnelle a nettement déçu dans nombre de partis. A commencer par le MoDem de François Bayrou, qui plaidait pour au moins 25 %. Ce qui lui permettrait de devenir le pivot de la majorité, La République en Marche ayant besoin de lui pour faire voter ses textes à l’Assemblée nationale. L’UDI n’est pas en reste, tandis que Marine Le Pen boude une mesure qui ne lui accorderait pas nécessairement assez de députés pour constituer un groupe.

Pour l’heure d’ailleurs, il reste difficile d’évaluer la répartition précise des 60 députés qui seraient élus à la RP. Celle-ci sera-t-elle « correctrice », compensant d’abord les partis désavantagés par le scrutin majoritaire, ou classique, le nombre de sièges dépendant du nombre de voix obtenues. Y aura-t-il des listes ? Celles-ci seront-elles nationales ou régionales, sachant que plus la circonscription est petite, plus cela favorise les grands partis ? Comment seront distribués les « restes » ? Autant de possibilités qui ouvrent plus ou moins la représentation des petites formations. Mais à 15 %, il est peu de scénarios qui compromettent la majorité de la majorité.

Le symbole pourtant hérisse à droite, au nom du « vers placé dans le fruit ». Les gaullistes ont toujours défendu le mode de scrutin majoritaire, moyen efficace de garantir une majorité parlementaire et donc la stabilité gouvernementale. La IVème République, avec ses gouvernements qui ne durent en moyenne que 7 mois, sert de repoussoir. La proportionnelle n’en est pas la seule cause ; elle frustre toutefois les électeurs : en 1956, les Français voulaient Pierre Mendès-France et ils ont eu Guy Mollet !

La RP, de fait, favorise l’émiettement des partis et accorde aux petits le pouvoir de faire ou défaire les gouvernements en s’alliant soit à droite soit à gauche. Un pouvoir qui peut paraître disproportionné, d’autant que les accords ne sont pas annoncés avant l ‘élection. Le scrutin majoritaire à deux tours pousse lui aux coalitions conclues en amont, l’électeur sachant qui gouvernera avec qui et sur quel programme. Et si le Front national en apparaît comme la principale victime, cela tient à son incapacité à passer des accords électoraux et programmatiques avec d’autres formations politiques.

Sans conteste, la proportionnelle redonne du pouvoir aux partis. Ce sont eux qui choisissent leurs partenaires. Ce sont eux qui bâtissent les listes aux élections, à charge pour les candidats de faire campagne en leur sein pour obtenir une place éligible sur ces listes. A l’heure où LREM rechigne à se qualifier comme parti, il serait paradoxal de donner un coup de pouce aux formations politiques issues de l’ancien monde. La « dose » de proportionnelle promise par Emmanuel Macron devrait donc restée modeste et symbolique malgré les protestations de François Bayrou.

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