A peine élus et déjà menacés ! Les 577 députés qui investissent l’Assemblée nationale ces jours-ci ont raison de savourer leur bonheur. Pour plus d’un cinquième d’entre eux, leurs jours sont comptés. Le Premier ministre a confirmé l’intention du président de la République de réduire le nombre des parlementaires. S’il est possible de descendre à 400 députés, s’en tenir à 450 serait déjà appréciable. Ce qui correspond à une baisse de 22 %.
Convaincue que ces élus ne servent pas à grand chose, l’opinion applaudira. Les intéressés peineront sans doute à se faire harakiri et quelques marchandages auront lieu. D’autant que l’accord du Sénat s’impose puisqu’il est question de réduire aussi le nombre des sénateurs, ce qui passe par une loi organique. Des négociations devront avoir lieu.
Une loi ordinaire suffira en revanche pour introduire de la proportionnelle dans le mode de scrutin pour l’élection des députés. Une « dose » de 10 ou 20 % ? Cela fera plaisir aux petits partis mais ne présente qu’un intérêt limité. Et une élection selon des modalités différentes expose à la censure du Conseil constitutionnel pour rupture d’égalité. Sauf introduction de la proportionnelle intégrale, comme en 1986, le pouvoir devra s’attaquer à un redécoupage des circonscriptions au risque soit d’effacement des élus ruraux soit de grandes différences de population selon les circonscriptions. La polémique s’annonce vive.
Les députés, nouveaux ou anciens, en seront pour réfléchir sur leur utilité. Au vu de la présidentialisation du régime qui s’amorce, le Parlement se contentera-t-il d’enregistrer les projets de loi imposés par le gouvernement ? Emmanuel Macron souhaite qu’il développe ses missions de contrôle et d’évaluation ? En l’état actuel, il ne dispose pas des moyens financiers et en personnel pour satisfaire à ce vœu. Et il est difficile de croire en une augmentation de ses moyens quand tout le monde doit se serrer la ceinture.
Sur le fond d’ailleurs, rien n’assure que l’Assemblée nationale soit bien placée pour évaluer les lois qu’elle vote. Il y faut une impartialité qui ne peut pas être sienne. Pas question quand même de dépolitiser le Parlement !