Confiscation

Ainsi Emmanuel Macron grille-t-il la politesse à Edouard Philippe en s’exprimant devant le Congrès la veille du discours de politique générale du Premier ministre. Les deux intéressés démentent toute intention d’humiliation. Il s’agit certes d’une application des institutions présidentialistes de la Vème République que ne renieraient ni De Gaulle ni François Mitterrand. Reste que beaucoup se sont indignés des propos de Nicolas Sarkozy sur son « collaborateur » François Fillon. Emmanuel Macron signifie que le chef du gouvernement est l’exécutant de sa politique. Il y ajoute un effet de loupe.

Ce pouvoir prétendrait-il à l’absolu ? Ce qui se passe à l’Assemblée nationale inquiète davantage que la mise en scène de la soumission du Premier ministre. La manœuvre des « constructifs » pour faire élire Thierry Solère questeur au titre de l’opposition mais avec les voix de la majorité présidentielle consacre l’hégémonie de celle-ci parmi les députés. Et remet en cause les droits des parlementaires et la séparation des pouvoirs. Quelques principes démocratiques se trouvent ainsi piétinés. Ce qui laisse mal augurer du fonctionnement futur de l’Assemblée et de la valeur des échanges qui vont s’y dérouler. L’invective risque de tenir souvent lieu de débat et l’insulte, d’argument.

Quant à l’attitude desdits « constructifs », elle ne les honore pas. Que des députés de LR, élus avec les voix des électeurs républicains mais grâce souvent à l’absence de candidats d' »En marche! », se déclarent « macron-compatibles », c’est leur droit. Qu’ils s’inscrivent dans l’opposition pour récupérer des postes qui reviennent à cette dernière, cela relève de l’escroquerie, du braconnage de bas étage. Au point d’indisposer leurs alliés centristes de l’UDI avec qui ils font groupe commun et qui n’avaient pas été prévenus de la forfaiture.

L’épisode traduit les ambiguïtés de ces élus qui prétendent à la fois se situer dans l’opposition et dans la majorité. Leur vote sur la déclaration de politique générale du Premier ministre devrait montrer qu’ils soutient le pouvoir actuel. Une clarification qu’ils chercheront sans doute à minimiser, soucieux de préserver un entre-deux qu’ils jugent plus profitable à leurs intérêts. Cela s’appelle du cynisme et ne participe guère à éclairer une opinion déjà fort troublée par le rejet du clivage gauche-droite. Pas étonnant que les électeurs s’abstiennent puisqu’ils ne savent pas, en déposant leur bulletin dans l’urne, s’ils votent pour la droite ou la gauche, pour la majorité ou l’opposition, pour la politique qu’ils souhaitent ou pour ce dont ils ne veulent à aucun prix. Vous avez dit « confiscation » ?

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