Corse : des avantages à bien gérer

Les deux tiers des Français approuvent la fermeté d’Emmanuel Macron face aux nationalistes corses. Pas question de donner plus d’autonomie à une région qui bénéficie déjà d’un statut particulier et d’une solidarité importante de la part du continent. « En même temps », le chef de l’Etat concède la possibilité d’inscrire nommément la Corse dans la Constitution. Comme pour les collectivités ultramarines. Un geste purement symbolique ou un pas vers plus d’autonomie ?

Non à la co-officialité de la langue corse. Non au statut de résident corse. Non à une fiscalité maîtrisée par les acteurs locaux. Sur ce dernier point, le chef de l’Etat a prévenu que « plus il y aura de fiscalité transférée, moins il y aura de dotations ». Il s’est toutefois gardé de préciser à quel point l’Etat aide l’Ile de Beauté. Côté impôts, la quinzaine de dérogations représentent un manque à gagner pour Bercy de 390 millions, soit 1 200 € par habitant, presqu’autant que pour les collectivités ultra-marines (1 500 €). Et la Corse se situe au dernier rang pour l’efficacité de la levée de l’impôt !

Depuis une décennie, l’île reçoit également les dotations de contrats de plan, des programmes d’investissement et des fonds européens. Soit 577 € d’aide par an et par habitant contre 77 € en moyenne pour les autres régions. Résultat : en PIB, la Corse se situe au 14ème rang des 22 anciennes régions métropolitaines et ses habitants sont plus riches que ceux du Nord-Pas-de-Calais, du Languedoc-Roussilon, de Lorraine. Il est vrai que cette manne diminuera fortement à partir de 2020. Ce qui obligera les dirigeants nationalistes à serrer la vis, notamment en ce qui concerne la gestion des personnels des collectivités locales où sévit un fort gaspillage.

Il serait sain que les nouveaux patrons de la région corse fassent la preuve de leur capacité à bien user des avantages institutionnels et financiers qui leurs sont accordés. L’insularité n’explique pas toutes les difficultés économiques de l’île et les prix de l’immobilier ne tiennent pas seulement aux achats des touristes. Même les républicains les plus fermes sont prêts à accorder plus d’adaptations législatives à l’île mais dans le cadre de l’article 72 de la Constitution. Et dans la mesure où ces possibilités valent pour toutes les régions. La Corse peut être citée dans cet article 72, sans toutefois qu’elle voie son statut renvoyé aux articles 73 et 74 qui définissent les collectivités d’outre-mer. L’île restera un territoire métropolitain. Pourquoi alors la citer ? Au risque de soulever d’autres demandes ? Le symbolique a parfois un prix.

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