Du premier tour de la présidentielle à celui des législatives, l’image prévaut d’un bloc de droite qui se maintient autour de 20 % des suffrages exprimés, quels que soient les aléas de la conjoncture. Image trompeuse due aux variations de la participation. Au regard du score de François Fillon, les candidats LR et UDI perdent presque 2 millions de voix, soit 4,2 % des inscrits. Au profit d’un vote en faveur de République en marche et, surtout, de l’abstention.
Selon certains sondages, 38 % des électeurs de François Fillon se seraient abstenus dimanche dernier. C’est plus que le total des suffrages manquants, mais il y a pu y avoir des mobilisations accrues sur certains candidats ou moins du rejet lié aux affaires de l’ancien Premier ministre. Cela témoigne d’une conscience des règles de la Ve République, qui visent à donner une majorité au président élu depuis que les législatives suivent la présidentielle. La droite reste gaullienne sur les institutions et accorde plus d’importance à l’exécutif qu’au législatif. S’abstenir, c’était laisser les macronistes gagner.
Le choix avait d’autant plus de logique que voter à droite ne garantissait pas toujours un vote d’opposition. La main tendue de certains dirigeants Républicains a eu de quoi déboussoler des électeurs restés étrangers à la « macron-mania ». Ceux qui ont d’ailleurs manifesté leur souci d’aider le nouveau président n’ont pas toujours été récompensés. Ainsi de Nathalie Kosciusko-Morizet, en grand difficulté à Paris. Quant aux autres, ils devront constater que leurs offres de service tombent à l’eau, la majorité présidentielle n’ayant pas besoin de leur apport à l’Assemblée nationale.
D’autres électeurs de François Fillon (autour de 20 %) ont carrément voté pour les candidats de République en marche. Pour « donner sa chance » au président. L’argument est revenu si souvent dans les quatre coins de la France qu’il évoque un slogan bien diffusé par l’Elysée. Résultat : une chambre pléthorique dont l’avenir dira s’il constitue une chance ou un danger pour le pays.
Reste que la droite et l’UDI représenteront la seule opposition structurée à l’Assemblée nationale. Le vote de confiance après le discours de politique générale du Premier ministre déterminera qui en fait partie ou non. Les électeurs ont le droit de le savoir.