Confusion

« Je suis un homme de gauche ». « Je suis un homme de droite ». La passation de pouvoir à Matignon entre Bernard Cazeneuve et Edouard Philippe évoquait une alternance politique franche. A l’instar de celles s’opérant lorsqu’il y a assurance d’une nouvelle majorité parlementaire à l’Assemblée. Après la présidentielle, il s’agit plutôt d’aller chercher les électeurs du centre nécessaire à cette assurance. Cherchez l’erreur…

L’objectif, cette fois, est de casser l’alliance des Républicains et de l’UDI pour attirer les élus du centre-droit. Quitte à ne donner aux autres que la solution d’une dérive vers le Front national. Bloquant les oppositions aux deux extrêmes, Emmanuel Macron y gagnerait une assurance-vie électorale, du moins tant que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon feront figure d’épouvantails. C’est la stratégie de l’omelette dont le milieu est préservé par la coupure des deux bouts. Défendue par Alain Juppé et François Bayrou, elle a dominé la IVème République. Avec quelques succès, beaucoup d’échecs et l’appel à un homme providentiel.

Une telle stratégie présente beaucoup de dangers. A commencer par l’arrivée au pouvoir d’un des deux populismes, celui qui aurait le mieux réussi sa dédiabolisation ou le mieux traduit la colère des Français. Même si tel n’est pas le cas, elle maintient dans l’exclusion toute une catégorie de la population. Elle permet une confiscation du pouvoir par les nouveaux partis et donne un poids exorbitant aux petites formations nécessaires pour former une majorité parlementaire. Car tout cela va avec une mode de scrutin à la représentation proportionnelle. Les Français ont élu un Président « ni-ni » et héritent d’un Premier ministre de droite. En 1954, ils avaient voté Pierre Mendès-France et ils ont eu Guy Mollet, chef d’un socialisme dont ils ne voulaient plus. Les progressistes ne mènent pas à plus de clarté.

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