Une Assemblée de godillots

Emmanuel Macron aura-t-il sa majorité absolue (289 députés) à l’Assemblée nationale ? C’est fort possible : 200 circonscriptions sont acquises ; 100 paraissent à portée de vote. Malgré la faiblesse de nombreux candidats République en marche, les macronistes figureront dans de nombreux duels pour le second tour alors que la gauche, ultra-divisée, peinera à franchir la barre des 12,5 % des inscrits nécessaires pour accéder au second tour. Avec une forte abstention (40 %), le ticket d’entrée avoisine les 21 % des suffrages exprimés.

Alliés à l’UDI, les Républicains franchiront souvent ce seuil. Ils peuvent espérer entre 140 et 180 députés, ce qui en fera la principale force d’opposition au sein de l’Assemblée.

Le Front national, en baisse par rapport à la présidentielle, devrait compter entre 30 et 45 députés. Les Insoumis n’auront guère plus de 10 élus, les socialistes, une vingtaine, ce qui sauverait leur groupe.

Entre le renouvellement des candidats, la loi sur le non-cumul et les battus, la prochaine Assemblée sera composée à 60 % de primo-députés. De l’inédit qui va poser quelques problèmes. Au sein du groupe majoritaire, seuls 24 sortants connaissent les rouages parlementaires. Qui pour le présider ? Qui pour diriger les travaux des commissions ? Qui pour le « perchoir », la présidence de l’Assemblée ? Faute de grands leaders nationaux, les débats risquent de manquer de portée.

Autant dire que la future majorité se soumettra aux volontés de l’Elysée et que le Palais Bourbon redeviendra une chambre d’enregistrement. Finis les frondeurs ; place aux godillots. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de ces séquences électorales. Les Français disaient souhaiter de la participation aux décisions ; celles-ci tomberont d’en-haut sans grandes discussions.

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